Verset(s) de la Bible Gn 2-3

A partir de Gn 2,4b commence un récit de création bien différent de Gn 1,1-2,4a (voir (Gn 1)). 
Certains voient en Gn 2 l'anthropologie chrétienne et en Gn 3 le récit du péché originel, d'autres y voient un mythe du Moyen Orient ancien... 
Mais qu'est-ce que les auteurs voulaient exprimer au juste ? Une expérience commune à l'humanité de l'époque ou bien une expérience de foi particulière ?

Comment ce texte était-il compris par les juifs au temps de Jésus ? Jésus lui-même y fait-il référence ?
Et Paul dans sa lettre aux Romains, quelle lecture fait-il de Gn 2 et 3 ?  Enfin, nous pouvons nous demander comment les juifs lisent ce récit, de même que les chrétiens ?

Un vieux récit de création

(2,4) Telle fut l'histoire du ciel et de la terre, quand ils furent créés. Au temps où Yahvé Dieu fit la terre et le ciel... 
(2,7)  Alors Yahvé Dieu modela l'homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l'homme devint un être vivant...
(3,1)  Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que Yahvé Dieu avait faits. Il dit à la femme : "Alors, Dieu a dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ?"...
(3,4)  Le serpent répliqua à la femme : "Pas du tout ! Vous ne mourrez pas !...
(3,6)  La femme vit que l'arbre était bon à manger... Elle prit de son fruit et mangea. Elle en donna aussi à son mari, qui était avec elle, et il mangea...
Bible de Jérusalem (Ed. 1975)
 
Pour voir le texte biblique complet de Gn 2 et Gn 3

Voir aussi (Les fondements Bibliques, pages 52, 199, 311, 417-418, 453 et 503)

Consulter le Pentateuque  
Consulter : Manuscrit ancien de la Bible  
Ce tableau permet de situer la genèse d'un texte biblique (Mémoire, Écriture, Relecture) dans un contexte
de religions environnantes, seuil par seuil, dans des expressions de foi situées.
Religions environnantesSeuilExpressions de la FoiGenèse du texte
 
  La religion mésopotamienne 1 Les dieux du ciel - Aux origines    
  La religion égyptienne Patriarches - Le semi-nomadisme MEMOIRE 1  
  La religion d'Ugarit Assimilation/rejet - Immigration    
 Début de l'écriture biblique
    - VIIIe siècle Le Baal syro-phénicien 2 Luttes contre Baal - Royaumes unifiés ECRITURE 1  
    - VIIe siècle Le Marduk assyrien Trahison du frère - Chute de Samarie    
L'Alliance - Le Temple de Josias ECRITURE 2  
    - VIe siècle Le Marduk babylonien Hénothéisme - L'Exil    
    - Ve siècle
- IVe siècle
Mazdéïsme perse Monothéismes d'Alliance    
Prêtres et Légistes - Second Temple RELECTURE 1  
Courant apocalyptique    
    - IIIe siècle L'Hellénisme égyptien Hellénisation - Alexandre    
    - IIe siècle L'Hellénisme syrien Persécutions - Antiochus IV    
    L'Hellénisme syrien Séparation des Asmonéens - Esséniens RELECTURE 2  
    - Ier siècle Rome La foi dans un Judaïsme éclaté    
 
    de 0 à 33 Judaïsme officiel et apocalyptique sous domination romaine 3 Jésus, irruption d'un nouveau monde    
Jésus et le Temple    
Jésus et la Torah    
Jésus et la Pâque    
 Premiers écrits du Nouveau Testament
    de 33 à 70 Judaïsme officiel 4 A Jérusalem    
Missions Judéo-chrétiennes    
En Samarie    
En Syrie    
A Rome    
A Ephèse    
 La tradition patristique
    + 135 Judéo-christianisme   Les Pères apostoliques    
Les Pères d'Orient RELECTURE 3  
Les Pères d'Occident    
Les Pères du désert    
Des Victorins aux Scholastiques    
 
(RELECTURE 1)
Transition entre (Gn 1) sacerdotal et Gn 2-3
Ce cadre mythologique est indatable car universel au moyen Orient, mis à part sa particularité désertique qui le rattacherait aux mémoires des semi-nomades (Mythe mésopotamien) et (Mythe égyptien)

Introduction et don de l'arbre

(2,4b) Le jour où YHWH/Elohim (+1) fit "le ciel et la terre" (version LXX et samaritaine) "La terre et le ciel"  (version massorétique) Le Texte massorétique de Gn 2-3 part d'une cosmogonie du désert et non du ciel comme Gn 1. Il donne la priorité à la terre qui est le point de départ.(+2)Le monde scientifique aujourd'hui partirait du big bang et suivrait donc la Septante (LXX) en partant du monde des astres il y a 14 milliards d'années.
en savoir plus
(+1) l'éditeur associe YHWH à l'ensemble des dieux. Le monde scientifique aujourd'hui tenterait de définir ce que nous appelons Dieu créateur en empruntant la perspective du big bang.
(+2) Le sacerdotal post-exilique part du ciel qui est le lieu de l'affrontement au dieu Mazda, lumière primordiale unique derrière celle des divinités astrales soleil et lune. La LXX elle, est confrontée aux idées de Platon et les Samaritains sont sous administration perse. Ils gardent la même priorité du ciel sur la terre.
fermer
Le mythe désertique et l'installation.
L’arbre de vie peut remonter aux mémoires du temps d’Achab (SchmDug 4) lorsque le royaume du Nord verse dans les cultes de fécondité. 
  

(2,5)  et aucun arbuste des champs n’était encore sur la terre et aucune herbe des champs n’avait encore poussé car YHWH-Elohim n’avait pas fait pleuvoir sur la terre et il n’y avait pas d’Adam (glaiseux) pour cultiver la adamah (glaise). Cette manière de dire l'origine du cosmos à partir d'un cosmos vide (ou encore d'un "tohu bohu" comme en (Gn 1)) est typique des récits mythologiques. Ici, on est dans un mythe initiatique s’inspirant du désert et non dans celui du Nil en Egypte, ou du Tigre et de l'Euphrate en Mésopotamie. 
  (2,6)  Une humidité (vapeur de rosée) montait de la terre et humectait toute la face de la glaise.
(2,7)
  Alors YHWH-Elohim "créa"/"wayyyitzer" (erreur grammaticale)(+1) l'Adam (glaiseux) poussière de la Adamah (glaise) et souffla dans ses narines un souffle de vie/"nishmat hayyim" et Adam devint un être vivant (cf. mythe égyptien du dieu Knum où pharaon est animé par le "souffle/Ka" de Ré (dieu solaire) et a pu s'appeler "Nepher Ka (souffle) ". Adam est donc animé par le souffle de son Dieu YHWH-Elohim. L'insistance est sur le fait que c'est Dieu qui souffle son souffle et non sur le résultat qui est d'être "un être vivant du souffle de Dieu". On retrouve un souffle de vie/"rouah hayyim" chez les animaux en Gn 6,17. Ils ne sont pas mis comme l'homme en relation avec le souffle de YHWH mais on dit seulement qu'ils sont vivants. Il ne s'agit donc par forcément de l'âme humaine au sens classique en théologie d'une âme immortelle. Ce sera une des relectures tardives du texte.
en savoir plus
(+1)"wayyyitzer YHWH Elohim et haAdam". En hébreu, il y a trois "y". C'est un état construit donc il devrait y avoir seulement le redoublement de la préformante. Or on a un "y" en plus (le 3°). C'est une correction textuelle tardive contre les chrétiens qui pensent que l'origine du mal est dans le "péché originel" (inexistant dans le judaïsme). Ainsi corrigé, le texte biblique suggérait au contraire que l'homme a été "créé" avec le "yetzer ha tov"(esprit du bien) et le "yétzer ha ra' " (esprit du mal)(d'où le redoublement du "y") ce qui signifie que le mal est inclus dans la création et non le seul résultat du péché de l'homme (Cf Is 45,7 dans la version de Qumran, où Dieu est décrit comme : "'oseh tob uboreh ra'" (faisant le bien et créant le mal) et non pas "faisant la paix et créant le mal" traduit en français par "faisant la paix et créant le malheur" (on a l'explication dans le TB. Sahnédrin). On voit ainsi comment après le christianisme il y a encore des modifications dans le texte biblique. Les massorètes en vocalisant le texte biblique, non vocalisé à l'origine, y ont introduit leur théologie (tout comme nos traducteurs en français).
fermer
Le jardin en Eden (Ez 28,13).
Après l’Exil, l'arbre de vie devient le symbole de l’arche et enfin tardivement, la Sagesse.  
(2,8)  YHWH/Elohim planta un gan (jardin des rois cananéens) en Eden (relecture sacerdotale (Ez 28,13s)) à l’orient, et il y plaça l’homme qu’il avait créé.
(2,9)   YHWH/Elohim fit pousser de la glaise tout arbre agréable à voir et bon à manger, et l’arbre de vie au milieu du gan. L'arbre de vie, lieu de culte au Baal, est devenu au temps de Josias, le symbole de la Torah ; il représente aussi le roi auquel il n’est pas permis de toucher. 

Le commandement

(2,9b)  ...bon à manger, et l’arbre de vie au milieu du gan. Cet arbre de vie reliant ciel et terre est, à l'époque cananéenne, un des lieux d'accès aux dieux de la pluie et de l'orage, et donc lieu des cultes de fécondité. Le roi étant arbitre de ces cultes et garant du mythe, l'arbre devient aussi le symbole du roi. (+1) 
en savoir plus
(+1)On en a une illustration dans les textes écrits à la même époque : il ne faut pas toucher au roi et David épargne Saül (1 S 24) et (1 S 26) ; YHWH punit celui qui a touché au roi de la même manière que David punit celui qui se vante d'avoir tué Saül (2 S 1,14-16) ;(2 S 4,10-12). 
fermer
(RELECTURE 1)
Dimension universelle du nouveau mythe sacerdotal, inspiré par (Gn 1). VI° siècle av JC
(2,10-14) Un fleuve sortait d’Eden...  puis quatre fleuves : relecture sacerdotale exprimant l'extension universelle, due à la découverte du monothéisme à la fin de l'exil à Babylone (Structure Littéraire Gn 2-3).


Le jardin, à l'heure de Josias (VII° siècle av JC).
On insère dans le récit d'une cosmogonie l'histoire du peuple qui a été pris du désert et a été mis par Dieu dans la terre de Canaan. Le propre d'un récit mythique est d'inclure l'histoire du peuple dans l'histoire du monde pour qu'il y trouve sa place. C'est ce que fait Josias. Et le partenaire de cette histoire c'est YHWH, bien plus que les conquérants qui imposent aux peuples conquis leurs traités de vassalité. Le vrai partenaire d'Alliance c'est YHWH qui nous a donné la terre promise. (+1)

(2,15)  YHWH/Elohim prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour la cultiver/cultuer et la garder. En hébreu le même mot dit : « cultiver » et « rendre un culte ».
Les mots en gras dans ce verset sont du vocabulaire typique du Deutéronome.
Le jardin en hébreu est un masculin comme en français. Or, le texte hébreu dit : "la" cultiver/cultuer et "la" garder.
Comment expliquer ces spécificités ?
Ce texte est rédigé à la cour de Josias qui tente d'unifier le peuple autour du seul Temple de Jérusalem et autour de "la" Torah. C'est la Torah qu'il faut "cultuer" et garder.
Prendreet établir, termes typiques de l'époque pour désigner l'Exode : Dieu a prisson peuple et l'a établien terre de Canaan. Le texte exprime le programme religieux et fondateur de l'identité du peule : Dieu a pris son peuple et l'a établi sur sa terre pour garder la torah.
en savoir plus
(+1)
La structure littéraire à cette époque reprend le schéma des codes d'Alliance néo-assyriens, prologue historique, commandements, rituels d'Alliance, bénédictions-malédictions. (cf. RÖMER) Notre texte écrit à l'époque de Josias suit ce schéma des codes néo-assyriens. (Structure littéraire Gn 2-3)
fermer
(ECRITURE 1)
Le jardin avec l'arbre de vie.
(2,16)  YHWH/Elohim donna un commandement à Adam en disant : de tout arbre du gan de manger tu mangeras. Les arbres ont ici leur fonction de nourriture. Manger, c'est s'unir et aussi s'approprier, on ne s'approprie pas le monde de Dieu ou de la Vie par la magie des cultes de Baal (Gn 6,1).
(2,17)  et de l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas. Par contre,  un autre arbre est joint à l'arbre de vie : celui de la connaissance du bien et du mal. Pour Josias, c'est dire qu'il faut respecter la Torah de Dieu qui ne doit pas être profanée.  L'arbre de vie et l'arbre de la connaissance du bien et du mal sont juxtaposés ; ils sont les lieux où peuvent jouer le péché et son antidote. 
(ECRITURE 1)(ECRITURE 2)
La sentence de mort.
...car au jour où tu en mangeras "de mort tu mourras". A l'expression "de manger tu mangeras" est opposée la formulation : "de mort tu mourras". Cette sentence est typique des codes apodictiques indiquant une époque où il n'y a pas encore de tribunal, et où c'est Dieu lui-même qui doit intervenir directement pour punir. Les cultes aux Baals, qui voulaient accaparer Dieu, seront punis directement par Lui.
"De manger tu mangeras" insiste sur la volonté de se remplir de ce qui est donné, de l'accaparer. C'est cette volonté d'accaparer le don de Dieu - cf. les cultes de fécondité - qui entraîne la sanction : "de mort tu mourras". (+1)
en savoir plus
(+1) En utilisant cette sentence redoublée Josias donne au péché et à la punition un caractère sacré puisqu'il est archaïque.
fermer
(ECRITURE 1)(MÉMOIRE 1)
Un rituel qui se souvient des dieux d'Egypte. (+1)


Le rituel

(2,18)  Et YHWH/Elohim dit : il n’est pas bon que l’homme soit seul, je lui ferai un soutien comme son vis-à-vis. Ce soutien est un nom masculin qui n'évoque pas la femme. Le monde de Dieu n'est accessible à l’homme que par le soutien "comme un vis-à-vis" "le référent spirituel" ou "l'icône" que Dieu met devant lui. En Égypte, ce soutien "comme un vis-à-vis" iconique parlant des dieux à l'homme, avait face d'animaux (mythe égyptien). 
(2,19)  Et YHWH/Elohim modela de la glèbe tout vivant des champs et tout oiseau des cieux Les animaux "icônes" de l'Egypte ont hanté la mémoire des tribus. En Canaan, ils sont remplacés par les cultes de Vie dédiés aux Baals. Mais les prophètes ont rejeté ces cultes.  La tentation est grande de revenir aux cultes égyptiens et l'auteur prend soin de rejeter ces cultes : ils ne sont pas pour l'homme le soutien iconique requis pour l'Alliance.
et les conduisit vers l’Adam pour voir quel nom il lui donnerait et tout ce que Adam lui donna pour nom « âme vivante » fut son nom. Ainsi, Adam nomme-t-il tous les animaux ; c'est qu'ils ne sont pas son "vis-à-vis" iconique, mais de simples créatures (+2)
(2,20) Et Adam donna des noms à tout bétail et à l’oiseau des cieux et à tout animal des champs. Et pour Adam il ne trouva pas « le soutien comme son vis-à-vis » Les animaux ne sont pas, comme en Egypte, le vis-à-vis divin de l’homme.
en savoir plus
(+1)Dans le cadre des traités néo-assyriens de l’époque de Josias, le traité d’Alliance est toujours suivi d’un rituel où le traité est inscrit et servait de référence à la visite annuelle du vainqueur.
(Structure littéraire Gn 2-3)
(+2) comme on les retrouve après le déluge en (Gn 7,22) avec tous ceux qui ont une haleine de vie, hommes et bêtes. On est très loin du Mythe égyptien. Le fond mythologique qui demeure peut néanmoins servir de prétexte à une interprétation psychanalytique.
fermer
(ECRITURE 2)
L'Alliance donnée dans la torpeur à Abraham.
(2,21b) ... Et Il prit l’une de ses côtes et referma la chair à sa place. La côte - "Ti" en sumérien - évoque la vie, elle souligne la respiration.(+1)
Dans ces sociétés, la femme est détentrice de la vie. Elle a le flux de vie, elle met au monde la vie et elle allaite la vie. Dans les mythes de fécondités (Baal), elle est donc la prêtresse de vie. Après avoir évincé le mythe égyptien (les animaux), l'auteur évince maintenant le mythe de Baal (fécondité). La prêtresse sacrée ne sera plus le vis-à-vis iconique de l'homme, puisqu'elle est tirée de sa côte. (+2)
en savoir plus
(+1) "Nin-ti" est la déesse de la côte et la déesse de la vie dans le mythe mésopotamien.
(+2) C'est de cette côte, vie donnée par YHWH à Adam, que la femme est "bâtie" dans la "tardemah" (sommeil) où Dieu révèle son Alliance (Gn 15,12-18). La femme devient le don de l'Alliance que Dieu fait à Adam, puis à Abraham, puis à Moïse au Sinaï.  Adam a enfin trouvé son vis-à-vis iconique dans la femme où Dieu révèle son Alliance. A l’époque de Josias, l'histoire de l'homme a pris sa place dans la cosmogonie et elle est devenue Alliance avec Dieu ; la femme en est le témoignage auprès de l'homme.
fermer
(ECRITURE 1)
L'identique (Ish/fort) au féminin (Ishshah/la faible) en complémentarité.
(2,22)  Et YHWH/Elohim bâtit la côte qu’il avait prise à l’homme en femme et la mena à Adam. Dans Gn 2, le récit de création a intégré l'histoire de l’Alliance, thème majeur de la théologie de Josias. Celle-ci change l'ordre de la création. C'est maintenant de la côte/vie de l'homme (Gn 2,7) que la femme est "bâtie". Elle le sera dans la "tardemah" (sommeil) où se révèle l’Alliance à Abraham (Gn 15,12-18). Dès lors, la vie n’est plus seulement liée au statut de créature, mais elle provient du don de Dieu dans le sommeil sacré. La femme reste détentrice de la vie. Mais c'est comme Alliance que Dieu a donnée à Adam comme à Abraham et comme à Moïse au Sinaï. Adam a, dans la femme, trouvé le « soutien comme son vis-à-vis », le lieu iconique symbole de l'Alliance donnée par Dieu.
(2,23) Et Adam dit : Cette fois, os de mes os et chair de ma chair. L’os est en hébreu l’intimité la plus profonde de l’être humain. La chair en est la limite. On l’appellera « ishshah » car de « ish » elle fut prise. (+1) Dans ce qui pourrait apparaître comme le masculin et le féminin, il y a une complémentarité du fort et de la fragile qui invite à vivre la relation de l'homme et de la femme dans la même altérité que celle qui se vit dans l'Alliance entre Dieu et l'homme.
en savoir plus
(+1) A simple lecture phonétique on dirait que la femme/ishshah est le féminin de "ish" puisque en hébreu le féminin se marque par la finale "ah". Pourtant "ishshah" avec le redoublement du "sh" vient de la racine anash/être fragile. Alors que "Ish" vient de la racine ush/être fort.
fermer
(ECRITURE 2)
La femme Torah.
(2,24)  Aussi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme et ils deviendront une seule chair. La première partie ne peut viser le mariage puisque l’on est dans une culture patriarcale dans laquelle c’est la femme qui quitte père et mère pour aller habiter chez le mari. Ce sont les idoles que l'on quitte pour s'attacher à la Torah (+1) Le don de la femme que Dieu fait à Adam dans la « tardemah » confère à la femme le statut de vis-à-vis d’alliance. Tant qu’elle gardera ce statut, elle n’aura plus l’ambiguïté de la prêtresse d'un jour/esclave du lendemain liée aux cultes de Baal. Elle aidera Adam à "quitter" les idoles de ses pères (comme Gédéon détruit l'autel dédié au Baal de son père) (Jg 6) pour "s’attacher" à la Torah dont elle est le symbole.

en savoir plus
(+1) A l’époque de Josias « quitter » (Dt 28,20 ; 29,24 ; 31,16s ; Os 4,10 ; Jr 5,7 ; 12,7 ; 16,11 ; 17,13 ; 1 R 19,10.14 ; Jg 2,21 ; 10,10 ; 1 S 12,10 ; Is 58,2) comme « s’attacher » (Jos 22,5 ; 23,8.12 ; Dt 4,4 ; 10,20 ; 11,22 ; 13,5 ; 30,20 ; Jr 13,11) désigne essentiellement le choix permanent à faire en faveur de l’Alliance au détriment de la relation aux dieux païens.
fermer
(ECRITURE 1)
L'homme et la femme sans péché.
(2,25)  Tous deux étaient « ‘aroumim/nus ou épanouis », l’homme et la femme, mais ils n’avaient pas de honte. L’Alliance a délivré la femme de la honte liée aux cultes de la femme prêtresse d’un jour et esclave le lendemain. Les cultes se faisaient avec les femmes du harem royal.
Le péché au temps de l'installation des tribus en assimilation-rejet était le péché du culte à Baal. Ce péché, comme celui de toucher au roi, devient, au temps de Josias, péché contre la Torah. 

Gn 3 Le péché

(3,1) Or le serpent était le plus « ‘aroum/initié » de tous les animaux des champs. C'est un jeu de mots : le serpent est à la fois ‘aroum/nu (sans poils ni pattes) et ‘aroum/initié (emblème phallique des cultes de fertilité qui se pratiquaient nus). La suite du texte jouera sur ces deux sens et aussi sur l’ambiguïté de « Ishshah/fragile » qui a l’air d’être le féminin de « Ish » mais vient du verbe "Anash/être fragile" alors que "Ish" vient de "Ush/être fort".

(3,2) « Il dit à la Ishssha/fragile : Vraiment, Elohim a dit : vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin ? Le sens est ambigu ! On peut comprendre "Parmi les arbres il y en a dont vous ne mangerez pas" ou bien "Vous ne mangerez d'aucun arbre". Ce dernier sens rend le commandement odieux ! C'est ce sens-là que la "ishshah" retient ; du coup elle fait mine de défendre Dieu : Et la femme dit au serpent : des fruits d'arbre, nous mangeons.

(3,3) Mais du fruit de l’arbre au milieu du jardin, Elohim a dit : vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas de peur que vous ne mourriez. On note ici que la femme évite l'odieux de la première formule : "vous ne mangerez d'aucun arbre", mais le rattrape en doublant l'interdit de manger par l'interdit de toucher. Par contre, elle estompe la sentence qui passe de "vous mourrez de mort" (Dieu vous fera certainement mourir, codes apodictiques) en "de peur que vous ne mourriez" codes casuistiques).
L'arbre au milieu du jardin, en Gn 2,9, était l’arbre de vie, symbole des cultes de fécondité (Römer "Introduction à l'Ancien Testament", page 212). Dieu avait dit : vous n’en mangerez pas. Etaient alors visés les cultes de Baal. L’ajout : « de peur que vous ne mourriez » est de style casuistique. C’est une sentence prononcée par une cour. On peut dès lors penser que « vous ne toucherez pas » est une relecture visant la personne du roi dont l’arbre au milieu du jardin était aussi le symbole. La punition est alors prononcée par la cour royale. Josias devait sentir l’opposition du parti Egyptien (qui emmènera Jérémie en Egypte) (2 R 25,26) et aurait pu inclure dans le récit fondateur de l’Alliance cette mise en garde : Celui qui touche le roi sera chassé du jardin. On la retrouve en (1 S 24) et (1 S 26) de la main de Josias.

(3,4)  Le serpent dit à la ishshah : non vous ne mourrez pas de mort (par Dieu).

(3,5)  Car Elohim sait que le jour où vous en mangerez vous yeux s’ouvriront et vous serez comme des Elohim, connaissant le bien et le mal. Jusque-là, l’arbre au milieu du jardin était « l’arbre de vie » (Gn 2,9), dans un contexte de cultes de fécondité. L’arbre au milieu est maintenant l’arbre « de la connaissance du bien et du mal », c'est-à-dire la Torah de Josias, qui permet de faire la distinction entre le bien et le mal. Mais il y a dans la formulation un nouveau jeu de mot : « Bien et mal » peut désigner soit le cumul (comme on dirait de A à Z) soit la distinction (ou le Bien ou le Mal). Dans le premier cas on a un arbre qui donne le cumul des connaissances, c’est-à-dire la connaissance magique grâce à laquelle les hommes seront, au dire du serpent, comme des Elohim (Gn 6,1). Dans le second cas, c'est l’arbre de la Torah qui permet de distinguer le bien et le mal. Les deux arbres sont au milieu du jardin. En obéissant au serpent, la Ishshah choisit l'arbre magique des cultes de fécondité, au détriment de l'arbre de la Torah qui permettait de distinguer entre le bien et le mal.

(3,6)  La femme vit que l’arbre était bon à manger, séduisant à regarder, désirable pour la connaissance (magique). Elle prit de son fruit et mangea et donna aussi à « ishah/son homme » avec elle et il mangea. "Ishah/son homme" résonne à l’oreille, de la même manière que ishshah/la fragile. De sorte que l'on entend que, de "fort" qu'il était auparavant, l’homme est devenu "faible". Et leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils connurent qu’ils étaient « ‘éroumim » Faut-il comprendre : « initiés à l’intelligence des dieux » ou « nus » ? La suite y répond puisqu'ils se cousent des feuilles.

(3,7) Ayant cousu des feuilles de figuier, ils se firent des pagnes, c'est donc qu'ils se voient nus. Le figuier abrite par son feuillage qui descend très bas et fait de l’ombre. On s’y cache et on se fait un pagne de ses feuilles. Dans l’Alliance, l'aroum/initié ne connaissait pas la honte (Gn 2,25). Mais ici, "l'aroum/nu" est mis en scène, porteur de la honte, sentence de la convocation magique. Le désir de connaissance magique, devant permettre d’être des Elohim, s’est retourné en nudité de honte pouvant évoquer les lendemains de fêtes pour le Baal où les prostituées du harem se retrouvaient esclaves et les mères, sans leur nouveau-né offert au Moloch pour faire revenir le printemps.
(ECRITURE 1) Le péché  du culte au Baal. Epoque de Josias.
On retrouve pour le récit du péché le titre "YHWH/Elohim". Il évoque un contexte de l’Alliance avec la venue de Dieu comme la «paqad/visite annuelle» du souverain pour contrôler l’obéissance à l’Alliance. De même : « écouter la voix » est l’attitude fondamentale de la théologie du Deutéronome avec la « crainte révérencielle » devant Dieu.

La visite

(3,8) Ils écoutèrent la voix de YHWH marchant dans le jardin au souffle du jour.  "Ecouter "la voix de YHWH" renvoie au grand commandement d'amour dans le Deutéronome (Dt 6,4). Il en résultait, au temps où l'Alliance était "écoutée", une crainte révérencielle vis-à-vis de YHWH, et l'absence de honte dans la nudité.
La "voix" (de YHWH) peut aussi se traduire "le bruit" (de pas); dans ce cas, c’est la « visite » (paqad/visite annuelle) du souverain qui contrôle la mise en œuvre de l’Alliance.
Si on lit : "Ils écoutèrent la voix", on comprend qu'ils obéissent à l'Alliance.(+1)
(3,8b)...Et Adam se cacha avec sa femme de devant YHWH/Elohim au sein de l’arbre du jardin. Ils se cachent, c'est donc qu'ils n'ont pas "écoutés la voix" et "craint" de crainte révérencielle, ils ont donc "entendus le bruit de pas" de la visite et ont eu peur. La relation d’Alliance est détruite. Ils se cachent dans l’arbre du péché.
(3,9) YHWH/Elohim appela l’homme et lui dit : Où es-tu ? Est-ce la "visite amoureuse" d'un ami ou la « paqad/visite annuelle » du vainqueur au vaincu ?
(3,10)  Et il dit : J'ai écouté ta voix dans le jardin car je suis nu et je me suis caché. On passe de l'écoute amoureuse de la voix telle que prônée en (Dt 6,4) à la crainte suscitée par le bruit de botte. La raison est claire : l'Alliance qui faisait que l'homme ne connaissait pas la honte dans sa nudité (Gn 2,25) est brisée. Elle a fait place à la honte et la peur, et l'homme se cache.
Pour avoir voulu être "aroum/initié" des cultes de Baal, ils se retrouvent "aroum/nus" et ils se cachent. L'écoute de "la voix" et "la crainte amoureuse", âme de l'Alliance, sont devenus "bruit de pas" menaçants.
(3,11) Et il dit : Qui t’a révélé que tu étais « ’éroum » ?  Aurais-tu mangé de l’arbre dont je t’avais commandé de ne pas manger ?  Adam, à l'écoute du serpent et pour être "comme Dieu", a pratiqué l’appropriation du divin dans les cultes de nudité. Il a mangé le fruit de l’arbre de vie ou connaissance magique, au détriment de l'arbre de la Torah, qui devait lui permettre de faire la distinction entre le bien et le mal. La relation à Dieu est brisée. Brisée aussi la relation d’Alliance qu’il devait vivre avec sa "ishshah".
(3,12) Et Adam dit : c’est la « ishshah » que tu m’as donnée, c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre et j’ai mangé. Une double accusation remplace l’Alliance qui était don. Adam accuse la femme d’avoir donné le fruit et accuse Dieu d’avoir donné la femme.
(3,13) YHWH/Elohim dit à la femme : qu’as-tu fait là ? La femme répondit : le serpent m’a faite ishshah(fragile ou séduite) et j’ai mangé.
en savoir plus
(+1) Les deux sens sont possibles, mais la suite oriente la lecture : au lieu d'écouter la voix, on comprend que c'est le bruit de botte de la visite de YHWH qu'ils entendent et qui les fait se cacher.
fermer
(ECRITURE 2)
Les malédictions font partie du vocabulaire des traités d'Alliance néo-assyriens du temps de Josias.

Malédictions/rédemption

(3,14a)  YHWH/Elohim dit au serpent : parce que tu as fait cela joue sur l'ambiguïté des deux arbres en te montrant "'aroum/rusé",  tu seras le plus « arour/maudit » de tous les animaux des champs. Lui qui était le plus « ‘aroum/initié » (Gn 3,1) devient le plus « arour/maudit » de tous les animaux des champs. 
(ECRITURE 1)
Les souffrances du quotidien (la lutte entre le serpent et le berger) sont attribuées au péché dû à l'assimilation trop grande au baalisme.
(3,14b)  Tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras la poussière tous les jours de ta vie. L'emblème phallique des cultes de Baal devient un ridicule animal sans patte. Et cette malédiction n'a pas de rédemption dans le futur. Il est symbole d'éternité (pouvant faire un cercle sur lui-même), sa malédiction n'aura pas de fin. Celle-ci est précisée par rapport à la femme qu'il a séduite.

(3,15)  Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et son lignage. Celui-ci (le lignage : masculin) te « yeshufera/atteindra » la tête et toi « teshuphennu/tu l'atteindras » au talon. Le lignage de la femme (le berger) doit tuer le serpent pour protéger son troupeau : s'il "shuf" la tête du serpent, il gagne, s'il rate son coup, il est "shufé" au talon. Terrible quitte ou double de la vie résultant, pour l'auteur, de la perte d'Alliance, alors que jusque-là c'était, dans le mythe, simplement le drame de toute vie, depuis le commencement du monde. L'Alliance une fois brisée, fait-elle place à une espérance de salut ? Les chrétiens verront dans ce verset l'annonce du lignage de la femme (le Christ) écrasant le lignage du serpent et lui écrasant la tête. 
(ECRITURE 1)
Punition adressée à la femme : Les souffrances quotidiennes de la femme attribuées au baalisme. 
(3,16b) A la femme il dit : je multiplierai grandement tes peines (accouchement dans la douleur) et tes grossesses (à répétition). Dans la peine tu enfanteras des fils. Vers l’homme te poussera ton désir et lui dominera sur toi. Nouveau drame ancestral de tous les temps : la femme souffre en donnant la vie. Et "la fragile" est abusée par "le fort" qu'elle désire pourtant au prix de grossesses multipliées qui la détruisent. L'auteur biblique y voit la sentence d'une rupture d'Alliance dans le baalisme, alors que dans l'Alliance, elle devait être le "vis-à-vis" iconique et parfaitement accordée à l'homme.
La désobéissance à l'Alliance a fait que "fragilité-complémentarité" sont remplacées par "convoitise et dépendance" avec leur poids de souffrances.
Mais dans l'Alliance, cette punition porte en elle sa rédemption. Si l'extase érotique (idolâtre dans le baalisme) a conduit à la "convoitise/dépendance", les souffrances de la maternité seront sa rédemption, elle deviendra, dans la reprise d'Alliance à la fin du récit, la mère des vivants.

Vocabulaire typique de la théologie de Josias dans le Deutéronome, avec malédiction due à la rupture d'Alliance.
(3,17)  A Adam (glaiseux) il dit : parce que tu as écouté la voix de ta femme Idéal de l'Alliance dévié en écoute du Baal et que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais fait commandement en disant : tu n’en mangeras pas, maudite ("aroura" comme le serpent) soit la terre (glaise) à cause de toi. C'est ton péché qui a fait qu'elle est maudite. Puis vient la sentence : C’est dans la peine que tu t’en nourriras tous les jours de ta vie. Adam n'est pas maudit, mais seulement la terre (terre de désert, lieu d'affrontement dans la guerre, terre sèche attendant les pluies éphémères) qu'il te faut cultiver dans la peine. Ces luttes du semi-nomade (qui recevait tout de Dieu) pour devenir agriculteur ont fait place, sous l'égide du Baal, au travail ingrat du cultivateur.
(3,18)  Epines et chardons elle fera pousser pour toi. La dureté de la vie dans ces pays de sécheresse, drame ancestral, devient ici punition de la désobéissance à l'Alliance.
(3,19)  Par la sueur de ta face, tu mangeras du pain.  Il était donné comme manne dans le désert au temps supposé de l'Alliance  jusqu’à ton retour à la glaise ("adamah") dont tu as été pris. Car poussière tu es et à poussière tu retourneras. Le drame ancestral de la mort est lui aussi compté comme sentence de la désobéissance à l'Alliance puisque c'était la sentence de l'interdit visant l'arbre de vie devenu arbre de la connaissance du bien et du mal. La mort, elle-même, est attribuée à cette rupture d'Alliance. (cf. (Sg 2,23s))
La terre maudite devient sa punition. Mais le travail sera aussi sa rédemption dans l'Alliance, comme l'étaient les souffrances de sa femme pour son propre péché.
S'ouvre une ère nouvelle; après le péché qui avait confondu l'arbre de la connaissance (Torah) avec l'arbre de vie, l'Alliance est renouvelée.

Nouvelle Alliance

(3,20)  Et Adam appela sa femme du nom de Hawwa (Eve) parce qu'elle était la mère de tout vivant. Hawwah peut venir d'une déesse phénicienne de fécondité Hiwwayah. Mais cette appellation ancienne du temps de Baal est maintenant relue dans le cadre du monothéisme sacerdotal, d'où la précision : "Mère de tous les vivants", au sens cette fois de mère du genre humain.
(3,21)  Et YHWH/Elohim fit à Adam et à sa femme des tuniques de peau et les en revêtit. Cette précision indique que l'on a changé de registre temporel. L'âge de la cueillette où l'on mangeait de l'arbre et on se revêtait de pagnes de feuilles est terminé. C'est l'âge de la chasse avec les tuniques de peau. Pour l'auteur, c'est une manière de marquer la transition entre le temps d'avant l'Exil et le temps d'après. Cette ère nouvelle a un  nouveau temple dédié à YHWH, seul Dieu d'Amour créateur du ciel et de la terre (Gn 1).
(3,22a)  Et YHWH/Elohim dit : Voici qu'Adam est comme l'un de nous à connaître le bien et le mal.  Adam a voulu accaparer la connaissance magique (bien et mal au sens cumulatif). Cette connaissance magique alors confondue avec les cultes de l'arbre de vie était supposée assimiler à la divinité. Adam/Israël en a mesuré la vanité et constate la malédiction qu'elle a entraînée : ce n'est plus plus seulement le drame ancestral de toutes les limites humaines, mais le drame de l'Exil. Mais là encore la punition porte en elle le chemin de la rédemption : l'arbre de la connaissance du bien et du mal (au sens magique et cumulatif), confondu dans le péché avec l'arbre de vie, lui est rendu, après le retour de l'Exil, par la puissante Torah éditée par les prêtres. (+1)
en savoir plus
Adam/Israël peut alors retrouver l'arbre de la connaissance du bien et du mal au sens du discernement, comme arbre de vie, dans l'arche d'Alliance gardée intouchable dans le Temple reconstruit. 
fermer
(RELECTURE 1)
Au retour d'exil, pour les prêtres, l'arbre de vie est dans l'arche du second Temple. 
(3,22b)  Que désormais, il "n'envoie pas" sa main pour prendre aussi de l'arbre de vie, n'en mange pour vivre éternellement. L'arbre de vie est après l'exil l'arbre de la Torah. La Torah était au Temple, dans l'Arche d'Alliance.(+1) l'Arche d'Alliance disparue, on ne pourra plus y toucher, ni mettre la main sur la présence de Dieu que l'arbre de vie symbolise désormais.
  (3,23) YHWH Elohim l'expulsa du jardin d'Eden pour cultiver le sol d'où il avait été pris. Adam/Israël ne peut plus entrer dans le temple dont l'arche est dans le Saint des Saints, la séparation des séparations.
(3,24) Ayant chassé l'homme, Il posta les chérubins à l'orient du jardin d'Eden avec la flamme de l'épée foudroyante pour garder le chemin de l'arbre de vie. Pour le sacerdotal, le jardin d'Eden est devenu le temple gardé, comme l'arche d'Alliance, par les deux chérubins.
en savoir plus
Cette Arche a été détruite lors de la prise de Jérusalem et du départ en Exil. Le Temple est reconstruit sur le mont Sion. La présence de Dieu, comme le rêvait Ezéchiel (Ez 40s), y est maintenant protégée par une série de cloisons qui ne permettent plus d'entrer dans le Saint des Saints.
fermer
(RELECTURE 2)
A la synagogue au temps de Jésus (Néofiti).

Le targum ou lecture synagogale

Après l'expulsion du paradis devenu le Temple, les chérubins gardent le Saint des Saints de leur épée à deux tranchants (autre sens du mot hébreu "hamithapekhet). Les deux tranchants de l'épée gardienne du temple deviennent le Cédron et le Tyropéon qui gardent la montagne du Temple de leurs dards enflammés (les immondices de Jérusalem qui fument au moindre réchauffement du soleil), se jetant dans le "géhinnom/gehenne".
Dans le targum additionnel, le temple est détruit et on ne parle plus de lui.
(RELECTURE 3)
Saint Jean Chrysostome au 4° siècle trouve les harmoniques du Nouveau Testament dans l'Ancien :
(Liturgie des heures II du Lundi de la 5° semaine de Carême année A) 

Saint Jean Chrysostome

(...) j'ai encore une autre interprétation mystique à te donner. J'ai dit que cette eau et ce sang étaient le symbole du baptême et des mystères. Or, l'Église est née de ces deux sacrements : par ce bain de la renaissance et de la rénovation dans l'Esprit, par le baptême donc, et par les mystères. Or, les signes du baptême et des mystères sont issus du côté. Par conséquent le Christ a formé l'Église à partir de son côté, comme il a formé Ève à partir du côté d'Adam.  Aussi saint Paul dit-il : Nous sommes de sa chair et de ses os, désignant par là le côté du Seigneur. De même en effet que le Seigneur a pris de la chair dans le côté d'Adam pour former la femme, ainsi le Christ nous a donné le sang et l'eau de son côté pour former l'Église. Et de même qu'alors il a pris de la chair du côté d'Adam, pendant l'extase de son sommeil, ainsi maintenant nous a-t-il donné le sang et l'eau après sa mort. ~   Vous avez vu comment le Christ s'est uni son épouse ? Vous avez vu quel aliment il nous donne à tous ? C'est de ce même aliment que nous sommes nés et que nous sommes nourris. Ainsi que la femme nourrît de son propre sang et de son lait celui qu'elle a enfanté, de même le Christ nourrit constamment de son sang ceux qu'il a engendrés.  (+1)

en savoir plus
(+1)  Veux-tu savoir quelle vertu possède le sang du Christ ? Revenons à ce qui en a été la figure, aux récits anciens de ce qui s'est passé en Égypte. ~  
Moïse dit : « Immolez un agneau sans tache et marquez vos portes de son sang. » Que dis-tu, Moïse ? Le sang d'un animal sans raison peut-il sauver des hommes doués de raison ? Oui, dit Moïse, non pas parce que c'est du sang, mais parce qu'il est la figure du sang du Seigneur. ~ À présent, au lieu des portes marquées par le sang de la préfiguration, le diable voit sur les lèvres des fidèles le sang de la vérité préfigurée marquer la porte de ce temple du Christ qu'ils sont maintenant ; à plus forte raison va-t-il donc battre en retraite ! ~  
 
Veux-tu connaître encore par un autre biais la vertu de ce sang ? Vois d'où il a commencé à couler et d'où il a pris sa source : il descend de la croix, du côté du Seigneur. Comme Jésus déjà mort, dit l'Évangile, était encore sur la croix, le soldat s'approcha, lui ouvrit le côté d'un coup de sa lance et il en jaillit de l'eau et du sang. Cette eau était le symbole du baptême, et le sang, celui des mystères. ~ C'est donc le soldat qui lui ouvrit le côté ; il a percé la muraille du temple saint ; et moi, j'ai trouvé ce trésor et j'en ai fait ma richesse. Ainsi en a-t-il été de l'Agneau : les Juifs égorgeaient la victime, et moi j'ai recueilli le salut, fruit de ce sacrifice. 

 
fermer
Sophrone de Jérusalem, VII° siècle, extrait du sermon 2 pour la fête de l'Annonciation, 21-22 : P.G.87,3,3242.3250. Comme d'autres Pères de l'Eglise, Sophrone voit en la Vierge Marie, mère de Jésus, la nouvelle Eve par qui le genre humain est béni. 

La nouvelle Eve transforme la malédiction en bénédiction

Aussi, lorsque je contemple ta supériorité sur toutes les créatures, je proclame hautement tes louanges : vraiment tu es bénie entre toutes les femmes parce que tu as transformé la malédiction d'Eve en bénédiction ; parce que Adam, qui auparavant était maudit, a obtenu d'être béni à cause de toi. Vraiment tu es bénie entre toutes les femmes parce que, grâce à toi, tes ancêtres sont sauvés, car c'est toi qui vas engendrer le Sauveur qui leur procurera le salut.
Ce récit a probablement été mis par écrit à l’époque de Josias, vers -620 ; il a subi des relectures après l’exil (cf. versets 10 à 14). Cependant, le texte laisse entrevoir des préoccupations plus anciennes, relatives aux débuts de la royauté dans le Nord et à l’assimilation-rejet, lorsqu'il fallait apprendre à se démarquer des cultes cananéens.
Après l’exil, un autre récit de création sera placé avant : Gn 1 pour dire la découverte du monothéisme d'ALliance : YHWH Dieu Dieu est Créateur de tout l’univers.
A l’époque de Jésus, des courants du judaïsme interprèteront ces textes dans différentes perspectives.
Les chrétiens, à leur tour, reliront ces chapitres à la lumière du salut reçu de Jésus Christ : Jésus est le nouvel Adam de qui naît l'Eglise, la nouvelle Eve. La Croix donnant le salut est l'arbre de vie. Cela exprime la foi en une recréation de l'humanité : En Jésus, l'humanité peut être restaurée dans son statut originel, c'est-à-dire remise en communion avec le Père. 
A travers les relectures et les interprétations, plusieurs sens se superposeront : l’arbre de vie - symbole des cultes de fécondité - devient dans la relecture deutéronomiste, symbole de la Torah. Les chrétiens, eux, y reconnaissent la Croix, cet arbre de Vie dont le fruit n'est rien moins que le don de la vie de Jésus offert par amour et qui donne la vie éternelle.

En bref, Gn 2-3, un vieux récit qui garde son actualité

Ce récit de création porte l'épaisseur d'expressions plurielles de la foi. Au-delà de ses  allures mythiques, et des relectures et retouches qu'il a subi, il porte la trace du vieux "credo" d'Israël, un "credo" qui garde une grande actualité : 
- Il fait mémoire des bienfaits gratuits de YHWH envers les tribus qui reçoivent de Lui une terre fertile et une parole ; ce commandement est donné pour son salut : Israël est appelé à renoncé aux cultes de fécondité et à la magie pour mettre sa foi en YHWH.
- Il appelle à mettre sa confiance en YHWH, c'est-à-dire à faire Alliance : Israël doit apprendre à recevoir de Dieu une manière de vivre "autre", où il devient responsable, capable de réponse à son Dieu ; les tribus sortent peu à peu de la fatalité et de la soumission aux caprices de la versatilité divine.
- Par la reconnaissance du péché, il manifeste la profondeur de l’Alliance : cette reconnaissance souligne en creux le pardon donné au-delà des infidélités du peuple et cela fait partie intégrante de la foi.
Les chrétiens quand ils lisent ce texte y reconnaissent l'annonce du salut en Jésus Christ : l'homme n'a-t-il pas tout reçu de Dieu ? Et pourtant, il est infidèle au point de rompre la communion d'amour pour laquelle et dans laquelle il a été désiré et créé.
Mais Dieu ne l'a pas abandonné ; cette communion d'amour, il la redonne en Jésus - dans son Incarnation, sa mort et sa résurrection - tout péché, même le plus grand des péchés, Dieu veut le pardonner... Il suffit à l'homme de bien vouloir l'accueillir.
Voir le sens du texte pour l'islam (+1)
en savoir plus
(+1) Dans l'Islam, les interprétations divergent sur le texte du Coran
« En effet, Nous avons auparavant fait une recommandation à Adam; mais il oublia; et Nous n'avons pas trouvé chez lui de résolution ferme. Alors Nous dîmes : ‘Ô Adam, celui-là est vraiment un ennemi pour toi et ton épouse. Prenez garde qu'il vous fasse sortir du Paradis, car alors tu seras malheureux. Car tu n’y auras pas faim ni ne sera nu, tu n’y auras pas soif ni ne seras frappé par l'ardeur du soleil’. Puis le Diable le tenta en disant : ‘Ô Adam, t'indiquerai-je l'arbre de l'éternité et un royaume impérissable ?’ Tous deux (Adam et Eve) en mangèrent. Alors leur apparut leur nudité. Ils se mirent à se couvrir avec des feuilles du paradis. Adam désobéit ainsi à son Seigneur et il s'égara. Son Seigneur l'a ensuite élu, agréé son repentir et l’a guidé. Il dit : ‘Descendez d’ici, (Adam et Eve), [Vous serez] tous (avec vos descendants) ennemis les uns des autres. Puis, si jamais un guide vous vient de Ma part, quiconque suit Mon guide ne s'égarera ni ne sera malheureux’ » (Le Coran, Sourate 20:115,117-123). Pour un débat, on consultera : http://www.jesus-islam.fr/Pages/Lecoranenseigneilladoctrinedupecheoriginelextensibleatousleshommes.aspx
Ci-après une liste de versets Coraniques affirmant le péché d’Adam :
« Et Nous dîmes : ‘ ô Adam, habite le Paradis toi et ton épouse, et nourrissez-vous-en de partout à votre guise; mais n'approchez pas de l'arbre que voici : sinon vous seriez du nombre des injustes’. Peu de temps après, Satan les fit glisser de là et les fit sortir du lieu où ils étaient. Et Nous dîmes : ‘Descendez (du Paradis); ennemis les uns des autres. Et pour vous il y aura une demeure sur la terre, et un usufruit pour un temps. Puis Adam reçut de son Seigneur des paroles, et Allah agréa son repentir car c'est Lui certes, le Repentant, le Miséricordieux’. Nous dîmes : ‘Descendez d'ici, vous tous ! Toutes les fois que Je vous enverrai un guide, ceux qui [le] suivront n’auront rien à craindre et ne seront point affligés’ » (Le Coran, Sourate 2:35-38) ;
« Ô Adam, habite le Paradis, toi et ton épouse; et ne mangez en vous deux, à votre guise; et n'approchez pas l'arbre que voici; sinon, vous seriez du nombre des injustes. Puis le Diable, afin de leur rendre visible ce qui leur était caché - leurs nudités - leur chuchota, disant : ‘Votre Seigneur ne vous a interdit cet arbre que pour vous empêcher de devenir des Anges ou d’être immortels !’. Et il leur jura : ‘Vraiment, je suis pour vous deux un bon conseiller’. Alors il les fit tomber par tromperie. Puis, lorsqu’ils eurent goûté de l'arbre, leurs nudités leur devinrent visibles; et ils commencèrent tous deux à y attacher des feuilles du Paradis. Et leur Seigneur les appela : ‘Ne vous avais-je pas interdit cet arbre ? Et ne vous avais-je pas dit que le Diable était pour vous un ennemi déclaré ?’ Tous deux dirent : ‘Ô notre Seigneur, nous avons fait du tort à nous-mêmes. Et si Tu ne nous pardonnes pas et ne nous fais pas miséricorde, nous serons très certainement du nombre des perdants’. ‘Descendez, dit [Allah], vous serez ennemis les uns des autres. Et il y aura pour vous sur terre séjour et jouissance, pour un temps.’ Là, dit (Allah), vous vivrez, là vous mourrez, et de là on vous fera sortir. Ô enfants d'Adam ! Nous avons fait descendre sur vous un vêtement pour cacher vos nudités, ainsi que des parures. - Mais le vêtement de la piété voilà qui est meilleur. – C’est un des signes (de la puissance) d'Allah afin qu’ils se rappellent  » (Sourate 7 :19-26).
« En effet, Nous avons auparavant fait une recommandation à Adam; mais il oublia; et Nous n'avons pas trouvé chez lui de résolution ferme. Alors Nous dîmes : ‘Ô Adam, celui-là est vraiment un ennemi pour toi et ton épouse. Prenez garde qu'il vous fasse sortir du Paradis, car alors tu seras malheureux. Car tu n’y auras pas faim ni ne sera nu, tu n’y auras pas soif ni ne seras frappé par l'ardeur du soleil’. Puis le Diable le tenta en disant : ‘Ô Adam, t'indiquerai-je l'arbre de l'éternité et un royaume impérissable ?’ Tous deux (Adam et Eve) en mangèrent
. Alors leur apparut leur nudité. Ils se mirent à se couvrir avec des feuilles du paradis. Adam désobéit ainsi à son Seigneur et il s'égara. Son Seigneur l'a ensuite élu, agréé son repentir et l’a guidé. Il dit : ‘Descendez d’ici, (Adam et Eve), [Vous serez] tous (avec vos descendants) ennemis les uns des autres. Puis, si jamais un guide vous vient de Ma part, quiconque suit Mon guide ne s'égarera ni ne sera malheureux’ » (Le Coran, Sourate 20:115,117-123).
Au regard de ces versets nous en concluons ceci :
1. La présence d’Adam et Eve dans le jardin était absolue et non limitée à une certaine période. Le verset dit tout simplement : « Ô Adam, habite le Paradis toi et ton épouse. » Si Satan ne les avait pas fait trébucher, ils auraient continué d’y habiter pour toujours avec leur descendance.
2. Leur présence dans le jardin était conditionnée à leur obéissance complète à Allah, car il leur ordonna de ne point manger du fruit de l’arbre. A ce sujet, le Coran dit : « … mais n’approchez pas de l'arbre que voici : sinon vous seriez du nombre des injustes. » Une autre version du Coran  dit ceci: « Ne vous approchez pas de cet arbre de peur que vous ne soyez des malfaiteurs. »  Ainsi lorsque le diable les tenta à manger le fruit de l’arbre, leur disant que c’était l’arbre de l’éternité, aussitôt Allah publia un décret leur ordonnant de descendre sur terre.
3. Le péché d’Adam n’était pas qu’une simple erreur ou incartade, ou ni un simple oubli de leur part du commandement de Dieu leur interdisant de manger du fruit de l’arbre. La réalité c’est qu’Adam chuta et fut chassé du jardin.
4. Les deux (Adam et Eve) étaient les représentants fédéraux de tous leurs descendants. En mangeant de ce fruit, ils ont désobéi à Dieu, entrainant aussi tous leurs descendants à désobéir à l’ordre divin. Le Coran dit : « Descendez (du Paradis); ennemis les uns des autres. » Si l’affirmation « Et pour vous il y aura une demeure sur la terre » ne s’adressait qu’aux deux, le « vous » aurait désigné un duel (ihbita et lakuma) et non le pluriel comme c’est le cas ici. Quant à l’assertion selon laquelle le verset s’adressait à Adam, Eve et Satan, elle serait une interprétation étrange pour dire le moins, car le verset suivant dit : « Toutes les fois que Je vous enverrai un guide, ceux qui [le] suivront n'auront rien à craindre et ne seront point affligés. » Quelle sorte de chemin peut-on espérer que Satan empruntera ?
5. Il est évident qu’Adam et sa femme ont violé l’interdiction divine en s’approchant de l’arbre défendu. Le châtiment premier qu’ils vont subir est celui de l’inimitié l’un envers l’autre, ensuite la mort. Inimitié veut bien dire inimitié, n’est-ce pas ! « Et pour vous il y aura une demeure sur la terre, et un usufruit pour un temps » implique la mortalité sur terre dont la fin ultime n’est autre qu’une mort certaine.
Ainsi, en observant les descendants d’Adam, il est clair qu’ils subissent un châtiment d’inimitié et d’expérience de mort identique à ceux de leurs parents. Cela nous oblige à faire face à deux conclusions :
- Soit Adam et Eve étaient bel et bien les représentants de leur descendants, et dans ce cas prendre part au châtiment de leurs parents n’est que juste et mérité.
- Soit Adam et Eve ne le sont pas, et dans ce cas, leur infliger un châtiment pour un péché qu’ils n’ont pas commis serait le comble de l’iniquité et de l’injustice. C’est un argument dérisoire que de penser que la justice divine n’accepte pas de faire agir une personne en lieu et place d’une autre. Comment peut-on contester que la justice divine n’admette pas qu’une personne  paye pour les péchés d’une autre ? Peut-on balayer du revers de la main le fait que nous avons hérité le péché et la culpabilité de notre père (Adam), alors qu’il nous est si facile d’admettre qu’une personne naisse avec une maladie génétique héritée de son père sans que cela ne soit vu comme une injustice de la part de Dieu ?!
Ce serait dépourvu de sens que Dieu décrète : « Descendez (du Paradis)… » et que cela ne s’applique qu’à un concept de pardon immédiat de sa part : « Puis Adam reçut de son Seigneur des paroles, et Dieu agréa son repentir car c'est Lui certes, le Repentant, le Miséricordieux. » Comment est-ce possible que Dieu absout leur péché tout en continuant de les punir en même temps ? Comment est-ce qu’il accepta leur repentance sans toutefois les restaurer dans le jardin d’Eden ?
Commentaire de ?

fermer

Les publications de référence :

Les Seuils de la Foi

Editions Parole et Silence et Université Catholique de Lille

En savoir plus
Le blasphème de JésusLe blasphème de Jésus
Les fondements bibliquesLes fondements bibliques
Entrer dans la foi avec la BibleEntrer dans la foi avec la Bible
Autre publication du père Jacques Bernard
Ressources théologiques et philosophiquesRessources théologiques et philosophiques