Verset(s) de la Bible 1 Jn 3,8

(3,8)  Celui qui commet le péché est du diable, car le diable est pécheur dès l'origine.

On trouve ici ce qui est dit en (Jn 8,44) : Vous avez pour père le diable... dès l'origine il fut un homicide. Dans le judaïsme apocalyptique, plusieurs traditions pensaient que Eve s'était accouplée avec le serpent et avait mis au monde Caïn devenu pour cela père du meurtre. Pour Jn dans l'Evangile (8,44) comme dans son épître, tout meurtrier est donc fils de Caïn et fils du diable. Cela veut dire qu'à l'époque de Jésus comme à l'époque de ceux qui écrivent la tradition johannique, plusieurs variantes de lecture de la Genèse se confrontaient. Ceux qui voyaient un péché originel en Gn 3 avec Adam, le serpent et Eve comme protagonistes, avec pour résultat le meurtre d'Abel par Caïn (Gn 4). Certains voyaient dans ce péché "le premier péché d'une longue liste" sans plus, et d'autres un péché originel marquant la création d'une rupture irréparable sans une nouvelle intervention divine. Il y avait aussi comme péché à l'origine celui de Gn 6 avec les anges s'accouplant avec les filles des hommes. Ce péché pour grave qu'il soit et considéré comme causant une rupture irréparable pour certains (et donc un péché originel) ne pouvait pas opérer une telle rupture dans le judaïsme officiel puisque le texte du déluge se terminait avec la promesse par Dieu qu'il n'y aurait plus de déluge (Gn 8,21). Un autre péché fondateur était celui du veau d'or (Ex 32) mais là encore, après le veau d'or Dieu fait à nouveau le don de sa Torah (Ex 34). Le judaïsme officiel en concluait qu'il n'y avait pas de péché originel causant une rupture irréparable humainement, alors que le judaïsme apocalyptique faisait de cette rupture irréparable le fondement de son attente d'un messie qui ne viendrait pas seulement assurer la victoire de l'Amour à la fin du monde avec le Messie, mais bien dans le temps, par un pardon accordé qui restaurerait l'homme dans son état de grâce originel. Jésus s'inscrit dans ce dernier courant.

C'est bien la même vision de l'origine du mal qu'en (Jn 8,44) qui est évoquée ici. L'origine du mal ne vient pas de Dieu, ni de l'homme, ni de la création, mais d'une créature angélique pécheresse dès l'origine (Gn 6 ou Gn 3 à la condition de voir un Satan angélique dans le serpent).