Verset(s) de la Bible Jg 11,29-40

(11,29) L'esprit du Saigneur fut sur Jephté.

(11,30) Jephté fit un vœu au Seigneur et dit : "Si vraiment tu me livres les fils d'Ammon, quiconque sortira des portes de ma maison à ma rencontre quand je reviendrai sain et sauf de chez les fils d'Ammon, celui-là appartiendra au Seigneur et je l'offrirai en holocauste."

(11,34) Tandis que Jephté revenait vers sa maison, voici que sa fille sortit à sa rencontre, dansant et jouant du tambourin. Elle était son unique enfant : il n'avait en dehors d'elle ni fils ni fille. (+1) 

(11,39) A la fin des deux mois elle revint chez son père et il accomplit sur elle le vœu qu'il avait prononcé.

(11,39s)  Et cela devint une coutume en Israël que d'année en année les filles d'Israël aillent célébrer la fille de Jephté, le Galaadite, quatre jours par an. 

Ce vieux récit est relu dans un cadre emprunté au monde grec où on souligne le tragique de la situation qui campe les héros et établit une légende de vénération populaire (+1). Le problème n'est plus l'interdit de sacrifier son enfant. Cela ne permet pas de situer cet épisode après la crise anti-baal (au temps de Josias) et à plus forte raison au moment de la reconstruction du second Temple, où les rituels païens sont exclus.

Dans le contexte cananéen ancien (aux environs du XII° siècle), ce genre de vœu était courant.

Ici l'histoire souligne qu'un juge d'Israël, en copiant les mœurs des chefs de guerre cananéens, est pris à son propre piège. En effet, en Canaan, on pratique les sacrifices d'enfants, y compris les siens (+1), alors que cette pratique est étrangère aux tribus semi-nomades. Voilà donc ce qui arrive lorsque l'on s'assimile aux Cananéens : On se retrouve à devoir faire ce qui est odieux aux yeux de YHWH ! (Dt 16,22). 

On retrouve ici le processus d'assimilation-rejet : après s'être trop assimilé, apparaît la conscience d'un péché comme infidélité à YHWH. En même temps, YHWH, lui est fidèle, il continue d'être aux côtés des Israélites et leur donne la victoire. 

Josias aura à cœur d'intégrer un tel récit dans son histoire sainte car elle dénonce le péché des tribus du Nord, mais aussi que YHWH, malgré tout, poursuit l'histoire avec son peuple, qui désormais devra rompre totalement avec ces pratiques. 

Plus tard, sous l'influence de l'hellénisme, ce texte sera relu pour mettre en exergue le drame que représente le vœu de Jephté... on peut facilement imaginer la mise en scène d'une tragédie où s'expriment les sentiments contradictoires des personnages.