YHWH

Le nom de YHWH. 
Israël n’a pas toujours été monothéiste. Nous pouvons partir des données les plus récentes de la Bible et remonter le plus loin possible vers l’origine de ce nom divin.  


ANCIEN TESTAMENT  


Dans les mémoires les plus lointaines
les mentions d’un nom similaire à YHWH pourrait se trouver à Mari (III° et II° m. av. JC), à Ébla (15°/14°s. av. JC) à Ougarit (14°/13°s. av JC). Mais ce nom ne semble pas faire l’objet d’un véritable culte à une divinité.
Au 14°s. av JC, en Egypte, ce Nom divin apparaît en lien avec les nomades Shasou du Neguev.  Merneptah autorise les « Shasou » d’Edom à séjourner en Egypte avec leurs troupeaux.  Ramses IV (12°s av JC) dit « J’ai détruit Seïr parmi les tribus des Shasou…déportés comme butin, tribut d’Egypte ».  
Ces « shasou » sont engagés dans les mines de cuivre près d’Eilat au moment du passage du bronze récent au fer.    


À partir du 7°s avant JC; dans le polythéisme, le dieu s’identifie par son nom et sa place dans la hiérarchie des dieux. En cas de défaite de son peuple, il prend une place subalterne.
À Kuntillet ajrud dans le désert du Sinaï, on trouve la forme YHWH ou YHW (8°s av. JC). Les hébreux installés à Eléphantine, en Egypte au (7°s av. JC) le nomment « Yaho ». La première mention écrite de ce nom nouveau apparaît sur la stèle de Mesha (9°s av JC). Il dit la victoire de Mesha et de son Dieu Kemosh contre Omri et son Dieu YHWH.
On retrouve ce nom à Khirbet Beit Ley (35 km sud ouest de Jérusalem) au (8°s av. JC), comme « YHWH miséricordieux » (signification que l’on retrouvera à Qumran).    


Au -5°siècle avant JC;
quand les prêtres relisent la Bible à la lumière du monothéisme, on a le récit suivant;
En Ex 6,3.4, Dieu dit à Moïse : « Je suis YHWH ». « Je ne me suis pas fait connaître d’eux sous mon nom de YHWH… Je me suis engagé, en faisant alliance avec eux… ». 
C’est donc un nom nouveau que Dieu révèle et il est précédé d’une alliance.
Dieu donne son nom à Moïse en Ex 3,11-16 (Horeb) dans un texte d’origine sacerdotal (comme en témoigne la mention des trois patriarches : Abraham, Isaac et Jacob). 
Ce texte est lié, lui-aussi, à une Alliance par la promesse de sortie d’Egypte.  
En Ex 3,11, Dieu dit à Moïse : « Je serai (ou suis) avec toi /ehyeh immak ».    Puis il dit « Je serai qui je serai /ehyel asher ehyeh ». On peut en conclure que le Nom de Dieu est le nom d’un « être avec ». C’est un dieu d’Alliance.[1]     


Au -3°siècle avant JC; 
En contexte monothéiste, il n’y avait plus lieu de distinguer Dieu par un nom particulier, et les juifs cesseront même de prononcer son nom. Dans la LXX (Septante : traduction en grec de l’AT), YHWH est traduit par Adonaï, c’est-à-dire : « Seigneur ».
Les évangélistes écrivant en grec, ont repris ce terme pour désigner Jésus ; dans leur lecture de l’Ancien Testament, les chrétiens ont remplacé le tétragramme YHWH, par Adonaï. La vocalisation de YHWH  avec les voyelles de Adonaï a donné YHoWaH d’ou Jéhovah.
Le nom « YHWH » n’a que des consonnes qui ont été vocalisées par les massorètes entre le 3° et le 10° siècle de l’ère chrétienne.  
Les juifs se sont distingués de ces vocalisations hellénisantes et ont remplacé le nom divin par des « surnoms/qinnuim » comme « ha shem/le Nom » ou « hamaqom/le lieu » ou encore « haqadosh baryk hou/le Saint béni soit-il » (M.Yoma 6,2).    

Conclusion :
Jg 5 ; Ps 68 ; Dt 33,2 et Hab 3,3 témoignent d’une présence constante de YHWH dans la Bible.  Le Dieu archaïque célébré dans les tribus du Nord vient de Parran, de Téman, de Séïr, du Néguev, d’Edom. Il a été aux prises avec le Baal et Hadad et s’est mesuré avec eux pour enfin revenir dans le pays de Juda, où il a pris une place sans partage (monolâtrie) (Os 12), jusqu’au monothéisme.    


NOUVEAU TESTAMENT  

Au 1° siècle avant et après JC, l’usage du nom YHWH est un blasphème pour plusieurs raisons;
- Pour que les païens ne puissent pas l’utiliser en le méprisant
- Pour qu’on ne l’utilise pas de manière magique.
- Seul le grand prêtre peut une fois par an l’utiliser, le jour de la fête du Kippur, après que le pardon de Dieu ait rétabli la relation parfaite avec son peuple
- Ce Nom est au-dessus de tout nom.
En Jésus il a manifesté sa présence dans la naissance de Jésus et durant toute sa prédication. « De condition divine, Il n’a pas gardé jalousement la Gloire qui l’égalait à Dieu mais s’est anéanti lui-même prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes » (Ph 2,6.7). Refusé par les prêtres, « il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix.
Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout Nom » (Ph 2,8.9).
Dans les écrits du Nouveau Testament, Jésus ressuscité sera appelé « Seigneur » qui est le vocable grec remplaçant YHWH, pour affirmer la divinité de Jésus sur la terre comme au ciel. Remonté à la droite de Dieu, « il a reçu du Père l’Esprit Saint, objet de la promesse et l’a répandu (Ac 2,33). « Que toute la maison d’Israël le sache avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous avez crucifié » (Ac 2,36).
- Les juifs interdisent aux apôtres de faire des miracles au Nom de Jésus, ce qui serait une fois encore risquer de profaner le nom de YHWH (Ac 4,15-19)


[1] On notait déjà, il y a une cinquantaine d'années, dans les environs de Timna, des cuivres qui faisaient penser aux figurines de serpent présentes dans le récit du serpent d'Airain. On y parlait alors de forges de cuivre datant des origines madianites de la Bible et du titre de YHWH donné à Dieu dans le Sud du pays. Le livre de Nissim Amzallag précise en 2020, les harmoniques bibliques de ce contexte métallurgique des origines madianites de YHWH. (Nissim AMZALLAG, La forge de Dieu, aux origines de la Bible, Cerf 2020)

    Les publications de référence :

    Les Seuils de la Foi

    Editions Parole et Silence et Université Catholique de Lille

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